Arrivée bien mouvementée puisque je commence par rater mon avion d’entrée. Ça me semblait bizarre d’être convoqué qu’une heure avant et c’est pas pour autant que j’ai prévu plus large, d’autant que j’ai calculé 50 mn de taxi alors qu’il fallait compter une heure… Décide du coup de prendre le vol direct du soir avec la Thaï, ma carte bleue est refusée ? Veux retirer, idem ?? Bon ben plus qu’à attendre le vol du soir de India où je ne devrais payer qu’un supplément, il me reste quelques bahts… J’essaie de choper mon conseiller à la banque entre temps, sans succès, du coup j’embarque grâce à 20€ que je change in extremis. J’hallucine sur le temps que mettent les stewards, d’autant que je suis au centre de l’avion, c’est qu’en fait chacun se fait servir deux verres de whisky au lieu d’un! Allez, ne dérogeons pas à la règle ma foi, et ils continuent encore à gratter après ! Quelle rigolade, rire nerveux et bien fatiguée aussi. Changement donc à New Delhi en pleine nuit, visa validé sans problème, vol au petit matin pour Chennai, arrivée 9h, je change mon dernier billet de 100$ à un taux bien bien bas, alors que la guérite aux taxi en fait un bien meilleur juste à côté, comment deviner ?! Le taxi me dépose à la gare routière, je monte dans un vieux bus à moitié vide qui démarre tout de suite. Arrêt au bout de deux heures et premier chaï (thé aux lait aux épices massala). Arrivée Pondichéry deux heures après et là l’enfer sur terre, mes deux adresses repérées sont fermés, les autres sont complets ou ont juste deux nuits à me proposer, mais qu’est-ce que je suis venue faire dans cette galère ? Après avoir bien tourné et bien sué je me rabat sur l’hôtel le moins cher pour deux nuits, super chambre, super hôte, super plan de la ville. Une bonne douche et c’est repartie, retourne à mes deux adresses, qui sont ouvertes, il faut juste forcer la porte. Le premier me propose deux nuits avec un trou à Noël à un prix très élevé, par contre il m’explique comment retirer à un ATM, car ici tout est différent, les hôtels ne sont pas des hôtels mais des rooms et les hotels sont en fait des restaurants, ça ne m’a pas du tout handicapé dans ma recherche… Ma deuxième adresse, Le rêve bleu, peut me prendre qu’à partir du 26 et à 500 roupies la nuit (6€50), chambre sans salle d’eau dans une maison tamoule vraiment sympathique, ok je prends, plus qu’à trouver à me loger les 23-24-25 (!) Tente de retirer à un ATM et ça marche! Mazeltov, déjà ça ! Essaie de m’incruster chez un contact d’une amie à Paris, en fait ils n’arriveront à Pondichéry que le 8 janvier. Plus que Booking.com à un tarif de ouf, pas le choix, je prends, extinction des feux à 20h30 et bonne nuit de douze heures pour récupérer de toutes ces émotions. Bien compris aussi que l’obtention d’une carte sim indienne était compliquée, mon hôte va me demerder ça illico presto (il faut être chapeauté) en envoyant son employé à mes côtés et il faut dire que j’avais aussi les bons papiers (photo d’identité et photocopie du passeport). Tout s’arrange on dirait, je farniente et décide d’aller repérer mon hôtel du lendemain qu’en fin d’après-midi, et là grosse montée, je ne le trouverai jamais. Affamée, je me ferai mon premier boui boui vegi super bon et super pas cher. Me pointerai le lendemain en fin de matinée à l’adresse indiquée et qui sera la bonne, un couple d’indiens que j’alpague est entrain d’y entrer. Comprendrai ensuite que Oyo (une chaîne) Home c’est des locations d’appartement entier chez des particuliers (d’où zéro inscription) et Oyo Rooms c’est des chambres d’hôtels dans des hôtels (avec le panneau Oyo). Ils me font poireauter pour faire le ménage, endroit sordide et sans réseau, puis ils m’annonceront qu’ils ne peuvent pas me recevoir car je suis étrangère ! Je reste étrangement calme, j’avais senti tout ça depuis la veille et dis que je ne bougerai pas tant qu’ils ne m’auront pas trouvé une autre chambre. Un indien parlant français et qui bosse dans l’immobilier se pointe… Bref finirai dans un appartement beaucoup mieux, avec un petit papi au premier qui m’invitera pour le dîner du soir avec sa cuisinière et me fera faire un tour de moto dans les embouteillages du samedi soir. Noël au resto tout les deux le lendemain, si les asiatiques mangent à la vitesse V, les indiens c’est du W, il veut rentrer direct, moi je vais voir les églises illuminées, la faune dans la rue avec des bébés aux capuches de père Noël, le trafic de dingue où la seule règle est le klaxon, à chaque cul de camion c’est d’ailleurs bien spécifié « Sound Horn ». Trois nuits d’insomnies à lutter avec les moustiques, heureusement les clochettes et le chant très beau d’une femme au Temple d’à côté me distrairont de 4h à 6h. Du coup, je dormirai la journée ! Au rêve bleu, je ne dormirai pas beaucoup mieux… Pondichéry est une ville coupée en deux avec la white town (quartier monopolisé par la communauté Auroville et les français) et la black town. Un bord de mer sous exploité et du coup bien peuplé par les indiens qui viennent s’y balader et s’y photographier. Et grâce aux vacances la ville va se vider et il sera bien plus agréable de s’y déplacer même si on trouve toujours des rues de traverse bien calment, comme la mienne. Me ferai le mausolée d’Aurobindo et La Mère avec ses fleurs et sa file de pèlerins silencieuse et disciplinée, ça fait tout bizarre. Me ferai une soirée danse et musique dans le mini théâtre de Raghunat Manet, petite leçon de vina (surtout ne pas dire sitar !) et aperçu de danses et mudras avec ses jeunes élèves toutes apprêtées et ses moins jeunes, toutes aussi belles, vraiment sympa.
Et bien sûr la visite d’Auroville, en trois temps. Premier temps, la visite en scooter avec une native toute jeune et bien dévouée qui m’expliquera le fonctionnement de la communauté, son désir de croître encore et ses difficultés à obtenir des terrains, et comment ils ont créé toute cette végétation sur une terre de sable. Verrai la salle de danse et yoga, l’école d’art, une fabrique de fleurs séchées qui me fera penser aux cigares cubains avec ses femmes en équilibre sur des petites presses, la menuiserie, un des supermarchés avec les produits locaux vendu en vrac et la liste des habitants et leurs décomptes de chaque fin de mois bien visible, la clinique flambant neuve, les différentes habitations et immeubles en construction, les tous nouveaux vélos électriques et une ferme écologique. Tout est nickel, feng shui et vraiment très suisse. Et les portraits XXL de La Mère et Sri Aurobindo sont partout à la Big Brother. Pour visiter le Mandradir, il faut s’inscrire avant, ce sera le 3 au matin puisque j’ai un bus de nuit le soir à 21h. J’irai entre temps à la plage et un de ces resto italiens avec toute ma bande du jour de l’an : Christelle, l’hôte belge, son mari français prof de maths au lycée français et leurs deux enfants; Hari, le voisin indien de nationalité française (au moment du retrait des français, ses parents ont opté pour la nationalité française); mes voisins de chambrée, Tanguy, de Manosque, qui ne décolle plus depuis son arrivée il y a deux mois (!), Mano, un pondicherien marié à une française venu visiter sa famille; deux jumelles de soixante ans de Tours avec leurs deux filles et le fiancé de l’une d’elle et Jacqueline de Granville, soixante dix ans, qui récupère une maison dans Auroville justement. Mer toute aussi chaude qu’en Thaïlande et bien plus mouvementée, très beau sable à la Corse. Et le clou du séjour reste la visite du Mandradir, donc cet endroit de méditation et de recueillement des aurovilliens conçu d’après la vision de La Mère puisqu’elle est morte au moment du début de la construction. L’extérieur est plutôt réussi avec cette énorme boule aux panneaux dorés qui repose sur des rampes de briques rouges, le tout symbolisant un lotus, fleur emblème de l’Inde. Mais l’intérieur c’est Bienvenu à Gattaca, comme La Mère ne voulait aucun signe religieux, tout est blanc et terriblement froid. On se suit en silence avec des chaussettes blanches sur des rampes à la moquette crème, des aurovilliens sont postés comme des statues par ci par là , une sorte de Guggenheim bien clinique, pour arriver à la salle de « prière » aux huit piliers blancs et à la boule de cristal centrale sur laquelle tombe le rayon divin qui est sur variateur et qui clignote par deux fois à la fin des quinze minutes pour nous annoncer notre départ souhaité. Et oui, l’enfer est pavé de bonnes intentions, c’est bien beau de vouloir une humanité vraie et unie mais le résultat c’est une petite suisse propre en ordre au cÅ“ur froid. Contraste d’autant plus choquant, avec cette chaleur, ces couleurs, ces bruits et ses senteurs indiennes omniprésentes, juste à côté.
Super ton reportage Anaïs…D’autant plus que je serai à Auroville avec un groupe pour 1 semaine..,ensuite 3 semaines de cure aryuvedique dans un centre puis j’avais l’intention de passer un moment à Pondichéry….ton reportage arrive au bon moment…merci et bonne continuation..bisous
J’aimeJ’aime
Par contre Le rêve bleu ferme, Hari a des studios pas cher si jamais. Xxxooo
J’aimeJ’aime